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2 mai 2018 3 02 /05 /mai /2018 16:55

L’un roux et l’autre tricolore.

 

L’un redoutable chasseur et l’autre petite boule hargneuse.

 

Lui s’appelait Rafis et l’autre se nommait Hyène.

 

L’un adorant les caresses, l’autre ombrageuse repoussant le câlin, grimpant aux rideaux ou aux murs tapissés de laine.

 

L’un ronronnant pelotonné contre son petit maitre, l’autre ne dormant jamais que d’un oeil, attentive à garder ses distances.

 

Tous deux, gourmands s’approchaient dès que le maître entrait en cuisine.

 

L’un à droite et l’autre à gauche, telles les gardiens du temple, raides comme des statues, sans bouger une patte ou un poil de moustache.

 

Le Roux apportait tout ce que son instinct de chasseur pouvait attraper, y compris les pigeons en plein vol, chassant les pies qui l’attaquaient, grimpant aux arbres sans crainte d’en atteindre le sommet.

 

La tricolore ne chassait pas mais fuyait le contact, sauf celui de sa maîtresse ou de son petit maître quant il lui prenait l’envie de se faire cajoler. Il fallait profiter de ses rares moments ce qui la rendait peut-être plus attrayante. Mais gare à celui qui voulait la toucher si ce n’était pas dans ses intentions. La patte plus rapide que l’éclair vous zébrait la peau d’un sillon sanglant. Non mais !

 

Lui n’a vait peur de rien, elle peur de tout.

 

Ils s’en sont allés tous les deux après une très longue vie faite de tendresse et d’amour de la part de ceux qui les ont hébergé.

 

L’un est parti dans les bras de sa maîtresse, l’autre a finalement accepté ceux de celle qui l’a accompagnée jusqu’à son dernier jour.

 

Deux chats : l’un s’appelait Rafis et l’autre Hyène. Reposez vous petites boules, et merci pour tout ce que vous avez apporté, toi Rafis le sympathique, et toi Hyène la petite peste.

 

 

 

 

 

 

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19 octobre 2017 4 19 /10 /octobre /2017 09:51

Le mot, ce mot, celui que je prononce avec respect, tendresse, amour, violence ou bien fureur,  

Ce mot, lorsque la nuit seul devant le papier que ma plume impudente aime tant caresser

Me plait  infiniment pour ses belles rondeurs. J'aime l’entrelacer, le fixer de ma main

Par ma sergent major, en pleins et déliés. Il me chaut de palper ce vélin vierge et pâle

Sur lequel un adverbe, un pronom, un accent,  une phrase éclatée, un poème alléchant

Posés légèrement d'une plume gourmande, par la magie du verbe et mon imaginaire

En un envol soyeux  s'élancent dans l'azur pour en touchant mon coeur l’emporter vers les cieux

Il m'importe beaucoup  d'en humer  le pelage, d'en caresser le cuir, d'en repousser le grain.

J'aime en tout lieu propice ouvrir et fendre en deux le grimoire éculé ou le parchemin d'âge,

Peut-être vierge encore et pour quelques instants, puis de mes doigts tremblants

L'efflorer tendrement. « Fort jolie en effet, pleine de poésie, la langue quelquefois

Semble se peloter ou se pelotonner (ô nuance infinie) dans ces recoins obscurs où l'on veut la forcer.

Dans ce flux et reflux de succès et de pertes, comme aurait dit Voltaire en parlant de la paix

Il fait bon folâtrer parmi les herbes vertes et c'est un vrai bonheur que de parler Français. »  

Quel dommage , en effet,  que ce bonheur perdu ! La langue de Molière a si grande vertu

Qu'elle continue de plaire à ceux qui de nos jours se rendent au spectacle y entendre le cours.

Et tant d'autres aussi dont les pieds sont si grands qu'on ne peut les compter, même à pas de géant.  

Tous ces hommes pour qui les lauriers immortels ont ceint leur front béni de leur verte dentelle.

Ce jour la nostalgie a envahi mon cœur. Le ciel plein de remords s'est couvert de nuées

Froides comme un soleil aux  vêpres d'Austerlitz, épouvanté de voir ces corps déchiquetés

Jeunes et vigoureux, ardents chargés d'espoir pleins de vie au matin, ensanglantés le soir.

J'aurais aimé pourtant, jouer, boire et chanter avec ces compagnons dans la douceur d'un soir.

J'aurais voulu sombrer à jamais enivré au bras de quelque amie si chère au doux Musset.    

Je pincerai le luth pour tous les oubliés, tous ceux dont le destin - triste  fatalité

Sans honte, sans remord, regrets ou compassion d'un implacable bras, trancha la condition.

Qu'il soit d'or ou doré, libre ou bien régulier, grand, commun ou petit, le vers a de tous temps

Inspiré le poète comme l'écrivassier. Compagnon libertin dans le lit des amants.

Sans doute le sonnet et ses règles austères semble trop corseté dans son rigide écrin.

Sans doute le rondeau, dans sa forme première est lui aussi figé dans un passé sans fin.

Car nous sommes soumis à la règle établie. Si le fond reste ouvert, la forme est imposée.

L'imaginaire est roi, mais la langue est sertie dans le métal trop froid de sa "normalité".

Hélas nous regardons chaque jour  attristés la langue de Molière un peu plus dépouillée

De sa noble parure et de ses attributs et restons là nigauds, affligés et déçus.

Et plus l'instant s'écoule et plus je me tourmente. Combien me reste t-il avant que de partir ?

Aurais-je assez de temps pour me distraire encore et m'abreuver  sans cesse à la prose magique ?  

Le parfum qui me trouble a une étrange odeur faite de musc et d'ambre dont il a la couleur.

Le mot dont je perçois la violente fureur a trop souvent - ce soir  - une amère saveur.

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18 octobre 2017 3 18 /10 /octobre /2017 08:56

Cher Éditeur,

Pourriez vous, dans votre grande bonté tenter de faire plaisir à un auteur qui ne cesse de vous tourmenter avec ses demandes. Hélas, il se trouve que nous arrivons à une année où ce misérable ver de terre a publié pratiquement chaque mois. Les 14 mois réglementaires suivant leur publication sont arrivés. Outre "Notes égrenées " publié le 3 mai 2015, le 16 avril 2015, le misérable vermisseau a publié "Opération Corail". Est il possible que les droits d'auteur de cet inlassable Lumbric ( sous ordre Lumbricina de Blainville ) soient déposés à cette date devant sa porte ? Ce blatérien vient de se faire refaire une façade afin de plaire ( à défaut d’autres choses ) aux blatériennes qu’il croise sur le chemin terreux de sa pauvre vie. J’espère qu’à défaut de vous séduire, cet invertébré aura au moins réussi à égayer votre quotidien. Aller à l’école chaque jour est parfois un peu lassant. Quant à moi, je peux errer dans bien des sous-sols et pénétrer dans des endroits que ma flexibilité naturelle autorise. Aucune allusion évidemment ! Merci de votre compréhension. Après le 5 du mois de juillet 2017 où nous parlerons des droits de "Au coeur de la prud’homie", l’invertébré rentrera sous terre quelques mois avant de refaire surface. Pourra t il espérer obtenir la même faveur, sans attendre le mois d’Août ? Je vous remercie d’avoir eu la patience de me lire et vous souhaite une excellente journée. Un ver ne peut que ramper, même s’il souhaite s’envoler vers les cimes de la gloire ! C’est un endroit peu fréquenté mais il semblerait que cela en vaille le détour. Cordialement à vous. Yves Cirotteau

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10 mai 2017 3 10 /05 /mai /2017 22:38

            LE PÉLICAN

 

Un pélican cherchait, allant je ne sais où,

Une proie, un poisson, quelque chose à manger,

Car il avait grand faim. Errant un peu partout,

Volant au ras du flot, il voulait déjeuner.

Il partait à la pêche dans la vaste étendue

Qu’il survolait sans cesse, afin de déposer

Un menu délicat dans sa poche goulue.

Depuis quelques années, volant vers les ailleurs

Parmi les pélicans à la gorge profonde

Il voulait démontrer qu’il était le meilleur

S’agitait en tout sens en faisant plein de rondes.

Il n’était point question, pour lui, de renoncer.

Il avait dans l’esprit de devenir le roi

Des oiseaux de la terre. Il en avait rêvé.

Il en avait assez de ne pouvoir dire :  

J’existe, il n’est que temps de me manifester. 

Pour devenir l’élu de la gent palmipède

Il devait rassembler, tâche bien difficile

Tous les oiseaux marins. Le plus vieux lagopède

Qu’il alla consulter - un digne volatile

Qui s’était retiré loin des siens et planait

Sur la cime enneigée des montagnes andines -

Tenta, sans grand succès, de le dissuader.

- Ne vous fourvoyez pas dans la basse cuisine.

Volez haut dans le ciel, l’air y est pur et sain.

Vous aurez d’ici-bas une vue magnifique.

Du haut de mes sommets, j’oublie bien des chagrins.

Pour votre teint aussi, ce serait bénéfique.

Mais pour ce gros balourd, pas question d’abandon.

Il alla donc parler aux volailles de la mer.

Aux unes, il proposa d’assainir les bas-fonds,

De purifier les eaux ainsi que l’atmosphère.

Il dit aux malheureux qui peinaient à la tâche

De ne plus s’inquiéter : sa gorge était profonde

Et lorsqu’il déploierait ses ailes avec panache

Un frisson de terreur s’étendrait sur les ondes.

Le monde allait changer, il s’en portait garant

Et fit à chacun d’eux mille propositions.

Il s’en irait en guerre, de l’orient au ponant,

Avec persévérance et détermination.

- Partout où régnera le tyran, le bestial

Je serais là. Je vous apporterai sur terre

Amour, pain et tendresse. Je serais votre père.

Je changerai le monde et ce sera royal.

 

 

 

Dans le ciel, goguenard, l’empereur des oiseaux

Contemplait ce canard patauger dans les flots.

 

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1 septembre 2016 4 01 /09 /septembre /2016 08:11

Dès la page 13 de la « Tyrannie du plaisir », le lecteur que je suis est largué. Lorsque jean-Claude Guillebaud dit que « les sociétés humaines comprennent rarement l’histoire qu’elles vivent », il a sans doute raison … mais en partie, me semble t-il. J’ai essayé de comprendre ce que cette première phrase voulait dire. Je l’ai lu, relu avec beaucoup d’attention. J’ai laissé passé quelques jours, je suis revenu. Je n’ai toujours pas compris.

Il a partiellement raison lorsqu’il analyse l’humanité d’hier, extrapole ses remarques et en déduit ses réflexions. Il a tort s’il se place dans notre siècle. Nous vivons en effet à l’heure où il est impossible de ne pas connaitre, entendre parler - à moins de ne s’intéresser à rien – des évènements qui se passent - ou ont eu lieu récemment - chez soi et/ou dans le monde autour de soi.

Ceci n’existait pas dans notre passé lointain. J’entends déjà M. Jean-claude Guillebaud : « Vous voyez bien que j’ai raison, les sociétés humaines ne pouvaient pas comprendre l’histoire qu’elles vivaient puisqu’elles n’étaient pas capables de comprendre ce qui se passait, faute d’informations ». Il a raison pour ces sociétés vivant dans le passé. Encore que ! Il y a eu tout au long des siècles des historiens, des philosophes qui nous ont montré leur capacités à décortiquer, analyser et expliquer leur société, leurs travers et les conséquences plus ou moins néfastes qui ont suivi.

Analysons donc mot à mot ce qui est dit : « Les sociétés humaines » . De quelles sociétés humaines parle t-on ? Sont-ce les sociétés humaines du monde actuel, du monde de culture occidentale, de sociétés tribales, de sociétés primitives, de sociétés où le matriarcat est prédominant, de sociétés africaines, indiennes, chinoises, japonaises ? A partir de quand ? Avant Jésus-Christ, après Jésus-Christ ? Avant Mahomet ou après Mahomet ? Avant Bouddha, après lui ? Je suppose - et j’en déduis - que cette affirmation doit s’appliquer à toutes les sociétés humaines, toutes cultures confondues.

Cette affirmation est toutefois assujétie d’une restriction – on ne sait jamais – c’est le mot « rarement ». Cela suppose donc que les sociétés comprennent quelque fois. Dieu merci, elles sont parfois éclairées. Soit dit en passant, à l’inverse de l’auteur qui ne définit que des valeurs négatives, il m’intéresserait de savoir quelles sociétés ont donc eu le flair, le « nez » assez développé pour comprendre « quelque fois » ce qui leur arrivait – de leur vivant, ajoute l’auteur.

« Personne ne comprit en 1964 … » et, un peu plus loin « Nul ne mesura en 1974 … ». Ces deux dates n’ont pas été choisies au hasard. Il y eut mai 1968, quatre ans plus tard. Quant au système monétaire de Bretton Woods, je suppose que la notoriété de ce monsieur n’a pas dépassé le cercle très restreint de quelques initiés. Ceci veut dire que si l’on choisit des exemples limités, on ne démontre pas grand chose, presque rien, voire rien du tout. Qui se préoccupe de Woods aujourd’hui ? Qui, à part l’auteur et quelques penseurs connaît ce nom et y attache de l’importance ?

VOIR LA SUITE

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7 mars 2016 1 07 /03 /mars /2016 07:16

J’avais envie d’aller au théâtre ce soir.

On m’avait affirmé qu’il fallait aller voir

Un certain Torreton, acteur, que les critiques

Encensaient de propos quasi dithyrambiques.

Il jouait Cyrano. En soi, rien d’excitant.

Tant d’artistes avaient joué ce rôle avant.

Le dernier, Depardieu, avait au cinéma

Joué les Bergerac avec maestria.

Qu’allait il pouvoir faire, comment s’y prendrait il ?

En aurait-il l’étoffe ? Il marchait sur un fil.

Je ne fus pas déçu. Toretton fut très bon.

Mais pour monsieur Rostand, mon Dieu quelle trahison !

Ces cadets de Gascogne, ces héros de roman

Incarnés par des fous, l’un d’eux se tripotant

Sans cesse le phallus. Dans un décor débile

Ils erraient miséreux dans une salle d’asile.

J’ai eu la tentation, je l’avoue de m’enfuir

Dès la première minute pour prendre le plaisir

De revoir Cyrano, joué par Depardieu.

Edmond, très cher ami, je fus bien malheureux.

Le misérabilisme, dérision de nos jours

Masque bien l’indigence. À trop vouloir toujours

Faire le novateur, rechercher des trouvailles

C’est se jouer du temps. Ce sont des cochonnailles.

Une espèce de brouet sans aucune saveur,

Un parfum capiteux qui n’aurait pas d’odeur.

Ces cadets de Gascogne, ces bretteurs glorieux

Joués par des nabots, de tristes cul-terreux.

« Ces cadets de Gascogne, de Carbon, de castel Jaloux

Bretteurs et menteurs sans vergogne

Perce-Bedaine et Casse-Trogne

Sont leurs sobriquets les plus doux;

De gloire, leur âme en est ivrogne !

Dans tous les endroits où l'on cogne

Ils se donnent des rendez-vous...

Voici les cadets de Gascogne

Qui font cocus tous les jaloux !

Où sont ils donc ces dieux, ces cadets de Gascogne ?

Ils furent remplacés par de bien tristes trognes !

Mon cher Edmond Rostand, mon auteur préféré

Tu es mort ce soir là. Tu fus assassiné.

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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 10:18

Par ce froid matin d’automne 2014, s’exprimant sur les quota de pêche du thon rouge en Méditerranée, je viens d’entendre un écolo employer une expression que je ne connaissais pas. Elle n’avait jusqu’à présent jamais été utilisé dans le langage populaire, ou dans la littérature. Voulant, je suppose, souligner l’importance de ses propos, il employa le déterminant quantificateur : énormément.

Afin d’éclairer ma lanterne, j’ai d’abord cherché à définir quelle était la nature de cet attribut. Dans l’exemple choisi : « l’important », attribut du sujet ou d’un complément d’objet direct, est une proposition.

Partons de la phrase de base : il est important de. On peut utiliser des adverbes de :

- Manière : aussi, également.

- Quantité : Si, peu, guère, moins, fort, plus, très, trop, suffisamment, tout à fait, tellement, totalement, terriblement.

- Temps et d’aspect : Souvent, toujours.

- Affirmation ou de doute : Assurément, certainement, Peut-être, probablement, précisément, sans doute.

- Négation : Guère, peu, nullement, point, pas,

Précisons l’attribut. Voici donc quelques unes de ces propositions prises au hasard.

Il est également important

À partir de là, L’écrivain peut alors surenchérir en employant les phrases suivantes:

- Il est également important, ou bien : il est aussi important...

- Il est si important...

- Il est plus important...

- Il est très important...

- Il est trop important, ou encore : il est bien trop important...

- Il est extrêmement important...

Ou bien il peut aussi minimiser, voire dévaloriser :

- Il est sans doute important...

- Il n’y a rien de vraiment important...

- Ce sont de petits importants...

Je n’avais jamais encore lu ou entendu :

Il est énormément important...

C’est ainsi que l’on pourrait aussi renchérir en utilisant des superlatifs tels que :

- Il est formidablement important...

- Il est extraordinairement important...

- Il est monstrueusement important...

- C’est génialement important...

On pourrait aussi invoquer les puissances maléfiques :

- Il est diablement important...

Mais on ne saurait y associer des archanges, des anges, des chérubins (ou bines) et des séraphins (ou phines.) - Ne connaissant pas le sexe des anges, je ne voudrais pas m’aliéner certains ou certaines lors de mon arrivée au paradis -. Dans le doute, contrairement au dicton, je ne m’abstiens pas.

C'EST ÉNORMÉMENT IMPORTANT

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 09:35

DU MÊME AUTEUR : Yves CIROTTEAU

- Incartades d’un caméléon - Theles - Août 1991

- Opération corail - Baudelaire - Juillet 2009

- Un drôle de pastis chez les Nobel - Edilivre - Janvier 2011

- Jean-Pierre Tercier - Edilivre - Août 2011

- Incartades d’un caméléon - Edilivre - Août 2011

- Opération Overdrogue - Edilivre - Avril 2012

- Poèmes - Edilivre - Juin 2012

- Coup de blanc sur la neige - Edilivre - Juillet 2012

- Des noirs pour de la blanche - Edilivre - Septembre 2012 2012

- Petites chroniques du XXIème siècle - Edilivre - Août 2011

- C’était une rêve Helmut - 7 écrit - Septembre 2013

- Deux ans chez les intégristes - 7 écrit - Janvier 2014

- Notes égrenées - 7 écrit - Février 2014

- Un madrépore pour la vie ou pour la mort - Universcience - Septembre 2013

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 09:32

DU MÊME AUTEUR : Yves CIROTTEAU

- Incartades d’un caméléon Theles Août 1991

- Opération corail Baudelaire Juillet 2009

- Un drôle de pastis chez les Nobel Edilivre Janvier 2011

- Jean-Pierre Tercier Edilivre Août 2011

- Incartades d’un caméléon Edilivre Août 2011

- Opération Overdrogue Edilivre Avril 2012

- Poèmes Edilivre Juin 2012

- Coup de blanc sur la neige Edilivre Juillet 2012

- Des noirs pour de la blanche Edilivre Septembre 2012 2012

- Petites chroniques du XXIème siècle Edilivre août 2011

- C’était une rêve Helmut 7 écrit Septembre 2013

- Deux ans chez les intégristes 7 écrit Janvier 2014

- Notes égrenées 7 écrit Février 2014

- Un madrépore pour la vie ou ... Universcience 2013

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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 15:02

La jalousie n’est pas une question de sexe

Deux années se sont écoulées sans que ma petite fille me pose de questions sur la différence entre un petit garçon et une petite fille. J’en ai conclu qu’elle ne s’en préoccupait pas plus que de son premier biberon. Pourtant, là, je me trompais. Non pas sur la question, pour beaucoup, embarrassante d’expliquer la différence entre un phallus et un vagin, mais sur l’objet nouveau pour elle, à savoir la découverte de la jalousie, sentiment qui existe chez tous, sans qu’il soit besoin d’aller chercher une différence sexuelle

La famille, durant ces quelques mois, s’était enrichie d’une nouvelle petite merveille. Une fille, comme elle, aux yeux plus malicieux que ceux d’un ouistiti, au sourire ravageur et au tempérament bien trempée. Elle eut alors, dans son esprit, une autre partie à jouer.

Il est certain, plus que très vraisemblable, que cette nouvelle donne accapara toutes ses pensées rejetant au deuxième plan les autres problèmes existentiels. Elle qui avait été pendant un temps le centre et le sujet exclusif des attentions et de l’amour de papa et maman, ainsi que celles de mamie et papy, se trouvait d’un coup face à un autre sujet qui occupait également les attentions de papa et maman, de papy et mamie.

J’observais avec attention le comportement de ma petite fille et me rendis compte du changement qui s’opérait en elle. Elle avait fort à faire, en effet, pour tenter de ne pas quitter le devant de la scène. Elle s’y donna à fond, sans relâche, sans répit. Elle retourna à ce qu’elle savait - parce qu’elle venait de le vivre - c’est à dire à son enfance, singeant les attentions portées par les adultes à la petite qui venait de naître et réclamant sa part. Le biberon réapparut, elle eut de nouveau quelques fuites urinaires nocturnes, elle rappela avec persévérance que les adultes ont deux genoux, pour le cas où ils l’auraient oublié. Elle n’omit pas une seule fois d’être présente lorsque l’un des parents s’occupait de la plus jeune ou lorsque que maman s’occupait de la nourrir. Sa présence se faisait plus pressente. Elle courrait vers le papa, ou se réfugiait dans les bras de mamie. Bref, elle forçait le passage en toute circonstance. La mauvaise jalousie faisait son œuvre négative et gâchait la vie de la petite demoiselle.

Dès que la plus jeune avait été changée, nettoyée, langée, avait bu le lait maternel, cependant que maman ne cessait de lui parler, de l’embrasser, de la câliner afin qu’elle s’épanouisse dès ses premiers jours ; dès qu’elle avait été couchée ; dès la porte de la chambre refermée, elle se précipitait vers maman qui était alors disponible pour se préoccuper totalement et exclusivement de l’ainée, comme elle l’avait fait avec la seconde.

Tout le travail des adultes fut de lui expliquer que l’arrivée d’un nouveau membre ne changeait pas la donne envers elle, que l’amour n’était pas exclusif, mais qu’il était unique, et surtout universel, ouvert à tous, sans distinction. Il ne se partageait pas comme on découpe un gâteau. Il n’y avait pas, non plus, de gros et de petites morceaux. Au lieu de diminuer la part de tendresse de chacun lorsqu’un invité imprévu se présentait afin de partager équitablement la friandise, c’était le gâteau qui grossissait en s’enrichissant d’un apport supplémentaire. Ce n’était pas « un moins d’amour », c’était « un plus de tendresse » qui augmentait la richesse de cœur de chacun.

Au début, ce petit visage se fermait brusquement dès que c’était l’heure des soins d’hygiène ou du repas. Peu à peu, lentement elle comprit qu’il y avait de la place pour tout le monde. Elle redevint la petite demoiselle d’avant la naissance. Mieux, elle prit parfois des attitudes de grande personne, car c’était elle l’aînée. Elle avait des responsabilités, d’autant qu’elle fut autorisée à s’occuper de sa petite sœur, en présence d’un adulte évidemment.

Il y eut bien des rechutes, mais l’ensemble s’améliora et une sorte de modus vivendi s’installa dans le groupe.

Lorsque nous avions un tête à tête, je m’efforçais d’apaiser cette lèpre qui la rongeait, sans qu’elle en comprisse clairement l’origine. Un jour où nous étions seuls, elle me prit par la main et m’entraîna près d’un large fauteuil. Elle me fit asseoir, s’empara d’autorité de mes genoux, comme si c’était son droit et me regarda droit dans les yeux.

  • Papy, est ce que tu sais pourquoi ma petite sœur est arrivée ?
  • Bien sûr que je le sais, répondis-je. C’est parce que ton papa et ta maman s’aiment très fort.
  • Tu me dis qu’ils s’aiment très fort, alors ils s’aiment plus fort qu’ils m’aiment moi ?
  • Non, chérie. Lorsque tu es née, ils ont été plein de joie, comme tes grand-mères et tes grand-pères.
  • Alors, je n’ai pas été assez gentille ?
  • Pourquoi dis-tu cela ?
  • Parce que, moi, quand je ne suis pas contente d’une copine, que

je ne l’aime plus, j’en cherche une autre.

  • Je te comprends, mais pour ton papa et ta maman, ce n’est pas la

même chose. Ils t’aiment autant qu’avant la naissance de ta sœur. Ta copine d’école, tu ne la vois qu’à l’école, n’est-ce pas, alors que ta petite sœur est là dans la maison. Tu la vois tous les jours, tout près de toi, comme nous tous. Ce sera, tu verras, ta meilleure copine. Tes parents ne connaissent, peut-être, pas ta copine d’école, ils n’ont donc pas les mêmes rapports qu’avec toi.

  • C’est quoi les rapports ?
  • Le comportement des gens, les uns avec les autres. Comment ils

se parlent ; comment ils se disent bonjour dans l’escalier de l’immeuble lorsqu’ils se rencontrent ou se croisent ; comment ils demandent un renseignement : ici un gâteau chez le pâtissier, là une viande chez le boucher ou un légume chez le marchand de légume etc...

Lorsque tu ne connais pas quelqu’un, tu peux l’aimer, bien sûr, ou ne pas l’aimer tant que tu ne le connais pas. Ta copine va à l’école comme toi, mais tu ne sais pas si elle est gentille ou méchante à la maison. Le jour de la rentrée des classes, tu ne connais pas ses parents. Tu ne sais pas s’ils sont gentils ou non avec elle. C’est cela que l’on appelle des rapports. C’est une relation qui unit ou divise les uns et les autres dans la famille ou ailleurs. As-tu compris maintenant que l’arrivée de ta sœur était une preuve d’amour ?

  • Qu’est-ce que c’est une preuve ?

- Lorsque tu cherches quelque chose, tu veux être sûr de la trouver. Lorsque tu cherches un jouet, tu réfléchis où tu as bien pu le mettre, ou bien tu demandes à papa ou maman s’ils l’ont vu. Si tu le trouves, tu as la preuve que ce que t’ont dit tes parents étaient justes. Ils t’ont renseigné sur l’endroit où ils l’avaient vu. Ce que tu cherches aujourd’hui, la preuve que tu souhaites, c’est de savoir si tes parents t’aiment, n’est-ce pas ?

  • Oui. Mais ce n’est pas un jouet que je cherche.

- C’est exact, mais tu veux avoir la preuve, c’est à dire être sûre, dans ton cœur, qu’ils t’aiment toujours comme avant ?

  • Oui.

- Avant que je te réponde, sais tu pourquoi tu t’es posée la question de savoir si tes parents t’aiment ? Te posais-tu la même question avant l’arrivée de ta sœur ?

  • Non.

- C’est parce que tu n’avais aucune raison de te la poser. Pourquoi te la poses-tu maintenant ?

  • Je ne sais pas. Avant, ils ne s’occupaient que de moi !

- C’est bien, chérie. Tu as raison. Et tu as eu peur maintenant qu’ils t’oublient ?

Ma petite fille se tut. Je voyais qu’elle essayait de comprendre et plissait son front sous l’effort de concentration.

  • Est-ce qu’ils t’ont oublié ? Papy et mamie t’ont-ils oublié ?

- Oui, cria-t-elle. Avant, vous m’aimiez, maintenant, vous ne m’aimez plus comme avant.

Ma petite fille souffrait, c’était évident. Il fallait l’apaiser et lui faire comprendre que ce qui lui faisait tellement mal n’était rien d’autre que de la jalousie. Que le mal dont elle souffrait venait d’elle et non de ses parents. Comment expliquer à un enfant ce qu’est la jalousie ? Il fallait crever l’abcès, mais comment.

  • Est-ce que tu as mal, lui demandais-je ?
  • Non, j’ai pas mal.
  • Et bien, moi, je sais que tu souffres. Tu sais que je suis médecin.
  • Oui.
  • Tu sais que je soigne les gens qui ont mal.

- Oui. Mais moi j’ai pas mal, reprit-elle, sauf quand tu me soignes.

Je me rappelais le jour où elle était tombée sur du gravier et s’était écorchée le genou. Un petit caillou s’était incrusté dans la peau. Ses parents avaient essayé de l’extraire en pressant dessus, sans résultat. Elle avait du mal à s’accroupir et ne pouvait se mettre à genou. Après avoir appliqué sur sa peau un anesthésique de contact, j’extrayais le caillou avec une aiguille chauffée. Elle ne dit rien, ne retira pas son genou, mais de grosses larmes coulaient de ses joues lorsque je relevais la tête. Je la pris dans mes bras et la félicitais de son courage.

- Tu m’as fait mal, me dit-elle.

Je n’en étais pas sûr, mais je ne dis rien. À cet instant, il me revint en mémoire l’histoire de sa verrue. Depuis plusieurs mois, elle avait une méchante verrue entre les orteils qui grossissait et la gênait pour marcher. Ses parents avaient envisagé de la faire retirer, mais ils hésitaient. Une amie de la famille indiqua qu’elle connaissait un magnétiseur qui faisait partir les verrues juste en les touchant. Ils étaient prêts à le voir, ce n’était plus qu’une question de temps.

Lorsque je l’appris, je dis à mon fils et à ma belle fille que je pouvais m’occuper d’elle. Par politesse, ils esquissèrent un sourire un tantinet narquois. Il y avait de la commisération et comme une sorte de mansuétude dans leur esprit à l’égard de ces vieux qui croient tout savoir ou détiennent un pouvoir de charlatan ! Et puis, ce n’était pas une attitude bien scientifique, n’est-ce-pas ?

Un dimanche où nous en avions la garde, j’ai demandé à Loulou de se déchausser. J’examinai le pied. Il y avait en effet une verrue dont elle me dit qu’elle grossissait. Je l’ai questionné pour savoir s’il n’y en avait pas d’autre. Elle me dit que non. Tout en lui parlant, je vérifiais qu’elle était bien unique.

- Regarde bien, dis-je. Je vais toucher ta verrue et elle partira. Rechausse-toi maintenant.

Le soir, rentré à la maison, elle s’empressa de raconter ce que papy avait fait. Plusieurs jours s’écoulèrent. Maman examinait le pied chaque jour et rigolait en douce du vieux fou, car la verrue était toujours là. Et puis, un beau matin, quelle ne fut pas sa stupéfaction de constater que la verrue avait disparu, comme par magie. Ce n’était pas la première fois, car le vieux fou que je suis, avait, comme par magie, guéri sa propre fille, bien des années avant, de cette tumeur bénigne mais parfois bien gênante.

J’avais ma réponse. Je tenais l’argumentaire pour lui faire comprendre la raison de son mal.

- Te rappelles-tu de ce que tu m’as dit lorsque j’ai retiré le caillou de ton genou ?

- Oui, tu m’as fait mal.

- Sais-tu pourquoi ?

- Non.

- Sous la peau de notre corps, il y a de minuscules points de contact - comme des petits boutons - qui s’allument lorsqu’on les touche. Si tu presses un peu dessus, si tu les frôles, c’est une caresse que tu ressens. Si tu tapes dessus très fort, cela te fait mal. Or papy a retiré le caillou sans taper dessus et après t’avoir expliqué ce qu’il allait faire.

- Et ça m’a fait mal, quand même.

- Oui, mais c’est dans ta tête que cela t’a fait mal. Pourquoi ? Parce que le feu, tu sais que cela fait mal. On te défend d’y toucher, cela risque de te brûler. Que s’est-il passé dans ta tête ? Tu as pensé que tu allais avoir mal parce que papy a brûlé le bout de l’aiguille avant de retirer le caillou. En réalité, je sais que tu n’as pas souffert.

- Si, mais pas beaucoup, avoua-t-elle.

- Et bien, dans notre cœur, il y a aussi des petits boutons qui s’allument lorsqu’on les touche.

- Mais je ne touche pas mon cœur, tu dis des bêtises.

- Non, tu ne le touches pas, mais quand tu dis à maman : « Je t’aime de tout mon cœur », tu ne le touches pas non plus et pourtant c’est bien dans ton cœur, dis-tu, que tu aimes ta maman. C’est bien la preuve qu’ils se trouvent bien là ces petits boutons. C’est aussi dans le cœur de tes parents qu’ils se trouvent. Maman ne t’a jamais dit : « Je t’aime de tout mon cœur ? »

- Si.

- Il suffit que maman les touchent et ils s’allument. Tu es contente.

- Même pour ma petite sœur ?

- Oui, bien sûr, mais pas uniquement. L’amour, c’est celui que te donne maman, papa, tes mamies, et tes papy. C’est tout ce qu’ils font pour toi. Ils te parlent, te nourrissent, te lavent, t’habillent, et t’envoient à l’école. Tout cela, ils le font par amour. Ils te le montrent tous les jours, aussi, par des caresses, des bisous, des friandises que tu as plaisir à manger. Mais, as-tu remarqué qu’ils se font des bisous aussi, qu’ils nous embrassent aussi et qu’ils embrassent leurs amis ? Ont-ils fait la tête lorsque ta sœur est née ? Non, comme lors de ta naissance, nous avons fait la fête. Nous étions tous contents et heureux. Tout le monde, sauf toi. Sais-tu pourquoi ? Sais-tu comment s’appelle ce qui t’a fait si mal dans ton cœur ?

- Non.

- Cela s’appelle de la jalousie. Et la jalousie est entrée dans ton cœur parce que tu avais peur. Tu avais peur que ce petit bout de chou te vole l’amour de tes parents. La jalousie est venue et a chassé l’amour.

Elle se mit à pleurer.

- Ne pleure pas, ma chérie. Maintenant que tu sais ce qui te fait mal, regarde bien ce que font tes parents, ce que nous faisons. Tu verras qu’il n’y a pas de différence entre vous deux. Tu aimes la cuisine que je te fais, n’est-ce pas ? Et bien, je ferais la même cuisine pour ta sœur lorsqu’elle sera plus grande. Sèche tes larmes, mon amour. Si un jour, plus tard, tu sens venir la méchante jalousie, chasse la avant qu’elle ne franchisse la porte de ton cœur.

- Papy, mets-moi un dessin animé, s’il te plaît.

J’ouvris l’ordinateur et la laissais en compagnie de Bambi.

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  • : Le blog de Yves Cirotteau
  • : Je traite les affaires en cours, les affaires du jour. J'aime et j'écris des romans policiers, des romans historiques, des poésies, des pièces de théâtre. Je commente la politique et les politiciens, en prose, en vers libres oui en alexandrins.
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