Incartades d'un caméléon au Jardin Japonais

AVERTISSEMENT à la LECTRICE
en guise d’INTRODUCTION
   

Avant de partir visiter un pays pour la première fois, je ne veux rien en connaître. Je ne veux surtout pas d’intermédiaire. Je refuse que l’émotion déjà ressentie par d’autres m’envahisse que ce soit par air, par mer ou par terre. Je déteste les faux partages ce qui décourage les imbéciles.
    Je veux l’appréhender par le coeur, le recevoir comme une blessure ou une passion. Je veux le déguster, le savourer, m’en imprégner. Je veux le humer, le flairer, le sentir, le palper, et l’entendre. Je veux qu’il me charme, m’enchante et m’inspire. Je veux le prendre vierge de toute profanation.
    Il y eut, comme au cours de toute aventure des moments rendus difficiles par la fatigue, la chaleur ou l’humidité. Mais, lorsque s’ouvrent des visions sublimes, des lieux de poésie voilà la récompense que l’on attend et les promesses qui sont tenues. Je n’ai aucune prétention si ce n’est celle de faire partager ce grand instant de fête au cours d’un festin offert pour le regard et la convivialité. 
    Il y eut par ailleurs des moments d’une rare et authentique pureté dans des sites où les dieux sont encore. La règle ici est de n’en point débattre. Ce sont affaires très personnelles que je respecte trop pour risquer de froisser quiconque. Faisons silence sur l’insondable et contentons nous de passer.
    Tout ce que peut vous offrir le Japon ne se résume pas en quelques nouvelles. Ce pays de traditions et de cultures est un formidable réservoir pour l’amant ou l’amante. Il est faux de dire que l’amour rend aveugle car je dois constater que si je suis resté souvent silencieux et médusé devant tant de fascinante beauté incapable d’exprimer par des mots ce qui m’éblouissait, c’est bien par le regard que je me remplissais d’une exquise volupté.
    On se rendra compte pour peu que l’on parcoure en amoureux du Japon les pages qui suivent, que ce recueil n’est pas un guide pour touriste, amateur de steack -pommes frites, de hot-dogs ou de saucisses - purée dans les grands hôtels inter continentaux, de même que ces brèves nouvelles, n’ont quelque prétention historique bien que, d’une certaine façon, elles aient pris comme cadre un certain contexte historico-culturel.
    Pour mon plaisir j’ai pris des parures diverses ; j’ai usurpé des rôles ; j’ai falsifié nombre de cartes d’identité ; j’ai fait des faux et fait usage de faux - sans passer par les voies hiérarchiques. Je me suis arrogé des pouvoirs ; je me suis emparé des licences de l’esprit pour que naissent le rêve, l’imaginaire et l’invraisemblable. J’ai déliré avec le vent ; pleuré avec les arbres ; parlé avec les carpes. Je suis le fils de cinq mères et le père de  ces douze filles. Cependant je ne prétends pas ressembler à l’un de ces personnages.
    Quant à celui qui viendrait chercher là – n’ y aurait-il point  de ma part un brin de prétention - je ne sais quel message ésotérique, philosophique ou transcendantal
je serais heureux avec lui s’il le trouve. Et s’il n’y trouve rien, je ne pleurerai pas et m’en irai siffler avec un bel oiseau, des notes emperlées.
                                           
Editions THÉLES